LES SYSTÈMES SOCIAUX COMME FONDEMENTS DERNIERS DES STRUCTURES DE LA DIMENSION SOCIÉTALE DU SENS. LES VALEURS SELON LA THÉORIE DES SYSTÈMES SOCIAUX DE NIKLAS LUHMANN Éliana Herrera Conférence donnée dans le cadre du quatrième cycle annuel des Débats de la Chaire unesco-uqam sur l'étude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique. Journée d'étude interdisciplinaire et interuniversitaire, table-ronde sur les valeurs du politique en contexte. La théorie des systèmes constitue un ensemble imposant tant par son outillage conceptuel que par les conséquences qu'elle entraîne dans la conception traditionnelle de l'homme et de sa place dans la société. Notre exposé sera divisé en deux parties. Dans la première, nous tenterons de rendre compte de quelques concepts de base de cette théorie, dans la deuxième, nous essayerons de suivre les retournements qu'effectue la pensée systémique face à certains concepts dans leur usage traditionel. Au long de notre exposition, nous nous pencherons sur quelques éléments concernant les modalités de gestion de la complexité, et, en dernier ressort, sur le rôle et la fonction des valeurs dans la production de sens. 1. Les notions de base : Avant d'entrer en matière, il nous faut une brève évocation des notions qui sont à la base de la théorie des systèmes sociaux. Luhmann perçoit le début de la société bourgeoise et du capitalisme depuis la perspective de la réduction de la complexité, dans laquelle, en tant qu'acquis évolutif, seraient produites des déterminations structurelles telles que l'hyper croissance du potentiel régulateur par le biais de la production du droit étatique, et l'ampliation des possibilités économiques à travers les mécanismes de la monétarisation de la propriété. Nous pensons, à partir de Luhmann, que c'est à partir des développements issus de la modernité occidentale que l'évolution sociale planétaire a privilégié un cours d'action dans lequel la complexité organisée instaure une séparation de niveau entre l'homme et la société ; cela de telle sorte que la société a densifié sa propre production sous la forme des systèmes sociaux partiels. Dans cette perspective, les sociétés modernes sont divisées en de sous-systèmes majeurs, chacun d'entre eux ayant des composantes différentes et accomplissant des fonctions distinctes (1). (par exemple, politiques, économiques, légales...) Il faut ajouter que chaque système produit, dans l'autopoïèse, les règles lui permettant de définir quels sont ses éléments propres et quels sont les éléments qui lui sont extérieurs. Les systèmes de sens, pour Luhmann, sont ceux capables de réduire la complexité environnante par le biais de la stabilisation de la différence constitutive système/environnement. Le sens, pour Luhmann, fait partie d'une stratégie de réduction de la complexité permettant au système de se représenter son environnement, par le biais d'une structuration du monde déniant l'occurrence d'un ensemble de possibilités, qui sont néanmoins incorporées et ré-incluses sous la forme des potentialités. L'auto-distinction par rapport à l'entourage est l'opération récursive de chaque système, celle qui lui permet de survivre et de limiter la complexité du monde. En fait, l'autopoïèse est un concept en provenance de la biologie, selon lequel les organismes vivants, face aux difficultés éprouvées dans la vie, développent une capacité à filtrer les stimulis provenant de l'extérieur et ce faisant produisent une distinction par rapport au milieu en créant des conditions internes de répétition successive du mécanisme. Ces organismes seraient en ce sens, auto-référentiels, puisqu'ils définissent internement des opérations propres. Mais une fois définis les mécanismes de reproduction autopoïétique, quelles sont les modalités d'observation possibles depuis la perspective du système? Luhmann cherche la réponse dans la cybernétique de deuxième ordre de Heinz Von Foerster (2), selon qui toutes les observations sont relatives à l'observateur où les observations produites à propos d'un objet ont la capacité d'affecter l'objet. Von Foerster affirme l'existence de quelques structures stables, répondant au nom d'eigenvalues, qui ressortent des opérations dynamiques de l'organisation. Son point de départ se retrouve dans les découvertes de Piaget à partir desquelles il observe la présence d'une instance spécifique d'observation dans l'organisation qui sera toujours le résultat d'une succession indéfinie d'opérations cognitives, sensorielles et motrices. Son point souligne la posture constructiviste selon laquelle ce qui est " l'observable " ne serait pas directement référé aux objets réels du monde, mais est, au contraire, le résultat d'une cascade infinie d'opérations cognitives et sensori-motrices, dans le duo entourage/sujet. Les eigenvalues sont auto-définitoires, auto-référentielles et sont construites selon des dynamiques enchevêtrées impliquant des rapports complémentaires (circularité, fermeture) entre ces eigenvalues et les opérateurs cognitifs, sensoriels, moteurs: l'une implique, ou définit, l'autre. "Les eigenvalues représentent les manifestations susceptibles d'observation extérieure, des opérations cognitives qui sont accessibles à partir de l'introspection." Et encore: "Ontologiquement, il est impossible de distinguer entre les comportements stables et les manifestations de l'appréhension d'un sujet, voire entre les eigenvalues et les objets". Le terme de eigenbehavior est alors utilisé pour définir le comportement des systèmes cognitifs et autonomes qui utilisent la fermeture (retour ou récurrence auto-référentielle) des interactions motrices-sensorielles dans leurs systèmes nerveux, pour faire naître des régularités dans le registre de la perception qui, par la suite de ces opérations, deviennent des objets. Il faut remarquer que les représentations et leur stabilité sont spécifiques par rapport aux opérations cognitives particulières et également par rapport à la question de savoir comment reconnaît-on ce qui est observable. En d'autres termes, ces représentations discrètes n'existent que par rapport aux opérateurs qui les définissent. Elles n'existent que pour ces mêmes opérateurs qui les définissent. On dira qu'un système respecte le eigenbehavior, lorsque ce système, qu'il soit cognitif ou biologique, est capable de produire des rapports internes, auto-organisés et des structures stables (eigenvalues) pour gérer des aspects constants de ses propres rapports internes avec un entourage. De tels systèmes seront définis comme organisationnellement fermés parce que leurs états stables internes ne peuvent se définir que dans les termes d'une structure dynamique qui les soutient. Si bien que ces systèmes restent fermés du point de vue organisationnel, mais sont néanmoins ouverts en termes du flux d'information, du fait de leur capacité de classifier leur entourage d'une forme constructive en produisant pour eux-mêmes des représentations émergentes, des lectures produites selon leur perception pour les besoins de leur maintenance. La chaîne conceptuelle pour la production de sens : Maintenant nous nous pencherons sur les conditions liées au statut relatif occupé par les systèmes sociaux et psychiques. Nous partons du fait que les systèmes psychiques se présentent en tant qu'entourage pour les systèmes sociaux, et les systèmes sociaux, à leur tour, ne sont pas constitués par des hommes ni par leurs agissements et s'établissent par rapport aux systèmes psychiques, en tant que constituantes de l'environnement. Le point de départ est la co-évolution : Les deux types de système partageraient la production de sens, comprise par Luhmann comme un acquis évolutif. En outre, tous les systèmes, qu'ils soient psychiques ou sociaux, produisent du sens à partir de la constitution de distinctions, ordonnant éléments puisés de la complexité environnante. Cela ne veut pas dire que l'on puisse assimiler un type de système à l'autre. Ils partagent ensemble le mécanisme autopoïétique ainsi que la clôture opérationnelle, mais les similitudes s'arrêtent là. Car les mécanismes de l'autopoïèse pratiqués par les deux types de système sont différents et leur unité respective est construite par des moyens de reproduction distincts : La structure fondatrice des systèmes psychiques est la conscience, tandis que les systèmes sociaux sont axés sur la production de communication.Une barrière constitutive semblerait séparer ainsi les systèmes psychiques des systèmes sociaux. Quelles sont alors les conditions de leurs rapports? Sur les systèmes psychiques : Dans le chapitre Sept de son ouvrage Soziale Systeme, Luhmann se penche sur l'individualité des systèmes psychiques. Les systèmes psychiques -en tant que tels- utiliseraient tout aussi bien les mécanismes de l'autopoïèse. Ils organisent le courant de la vie consciente selon des mécanismes de clôture auto référentielle. Comment font-ils pour préserver leur clôture opérationnelle et garder une compatibilité par rapport à l'environnement des systèmes sociaux? Luhmann exclut l'analyse des problèmes d'une philosophie de la conscience, pour se concentrer sur la procédure récursive spécifique aux systèmes psychiques. Selon lui, la particularité des systèmes psychiques est la reproduction de conscience au moyen de la conscience. En produisant la conscience, ils agissent de façon indépendante et ne reçoivent cette conscience ni de l'extérieur, ni se trouvent en mesure de la transmettre vers le dehors. La conscience, encore une fois, ne doit pas être considérée comme une substance, mais comme une procédure d'opération spécifique aux systèmes psychiques Le monde ouvert contient en soi la possibilité d'occurrence d'événements fortuits, et les systèmes font alors l'expérience de la contingence du monde. Cette possibilité s'incorpore alors dans les attentes des systèmes et ces derniers utilisent les attentes comme des sondes pour puiser dans la contingence de leur environnement, cristallisant sur ces expectatives l'incertitude de ce qui pourrait se passer; incertitude comprise dans les termes du système et incorporée alors dans le processus de reproduction autopoïétique. Les attentes se traduisent ainsi en fondements de la mesure temporelle dans le processus de la conscience, vécue par le système comme un processus perpétuel, dans lequel l'auto reproduction est censée continuer indéfiniment. La conscience ainsi construite reste toujours ouverte par rapport à d'autres sens possibles. Elle garde la capacité de vérification actuelle de l'accomplissement du sens, au fur et à mesure de sa production. C'est par le truchement de l'incorporation des attentes que le système en question rend possible la création de structures d'accès s'enchaînant aux représentations. La réalité viendra confirmer l'accomplissement des attentes ou leur frustration, offrant toutefois un répertoire de possibilités de conduite qui sont incluses structurellement dans la mécanique du système. Le cours du temps fera de sorte que les attentes, enrichies par les expériences sociales de frustration ou d'accomplissement, perdent leur condition originaire d'incertitude et d'arbitraire, et deviennent normales dans l'histoire particulière de la conscience. C'est à ce moment, selon Luhmann, que les attentes densifiées deviennent des prétentions et, ensuite, des sentiments. Le sentiment serait alors l'adaptation interne du système psychique aux problèmes incorporés par lui dans son processus de vie, dans son histoire. Un point imbriqué avec celui de l'indépendance du système par rapport à son environnement est celui du surpassement du tabou de la circularité. La philosophie, la science, les doctrines juridiques interdisaient la circularité en raison de son inadmissibilité logique. La théorie de l'autopoïèse transgresse le tabou, et en fait, généralise des phénomènes tels que l'autoréférence linguistique des processus cognitifs, les phénomènes de récursivité (re-entry (3)), les processus d'auto organisation des groupes sociaux. La question qui s'en suit logiquement est l suivante : que se passe-t-il lorsque les prétentions issues d'un processus interne du système psychique, subissent l'épreuve de leur légitimation ou de leur échec par l'ensemble social? Luhmann souligne le danger incarné par l'émotionnel résultant des frustrations subies par les prétentions des sujets psychiques. Les épisodes comme celui des franc-tireurs ou ceux des élèves des écoles secondaires transformés en assassins sont comprises ici sous une autre perspective. Mécanismes pour la perception mutuelle entre systèmes sociaux et systèmes psychiques : Les rapports d'inter-pénétration entre systèmes sociaux et systèmes psychiques s'organisent, au fil des événements, autour d'arrangements permettant d'articuler les communications et la mise à disposition de la propre complexité avec les communications et la complexité des autres systèmes concernés. Ces arrangements sont, en principe, fonctionnels et contingents. Ils sont éminemment adaptatifs et leur plasticité permet aux systèmes de s'adapter aux conditions de l'interaction avec les autres systèmes psychiques, mais aussi avec les systèmes d'interaction, organisationnels et sociaux. Luhmann développe ainsi une perspective fonctionnelle des concepts autrefois ancrés sur la transcendance. Les notions qui suivent ne font plus partie d'un substrat psychologique ni organique, mais sont des constructions faites par un observateur à travers lesquelles on cherche une interprétation de ce qui ne serait pas observable et, ce faisant, on transfère les contenus ainsi crées vers le niveau émergent des rapports entre systèmes. Un concept particulier d'identité : L'identité, selon Luhmann, est la possibilité d'établir des attentes relativement stables au fil du temps. Autour de l'identité, on peut alors organiser un ensemble d'attentes offrant une panoplie de combinaisons. L'identité aurait une fonction ordonnatrice, unissant des portions des expériences vécues. Les normes, à leur tour, occupent une place dans la dimension temporelle et dans cette dernière il y aurait des perspectives différentes : celles de personnes, des rôles, des programmes, des valeurs. Les personnes, pour Luhmann, ne sont pas assimilées ni aux systèmes psychiques ni aux êtres humains. La personne est vue comme le rassemblement d'attentes de conduite, une compilation d'expectatives rassemblant le système psychique et le corps; ces expectatives leur appartenant, mais qui sont aussi situées à l'extérieur, à savoir des attentes variées et individuelles, faisant que la personne soit plus ou moins complexe. Les rôles, quant à eux, identifient les rapports d'attentes comportant toujours un secteur de la conduite des hommes espéré par les autres. Cet ensemble peut être perçu par une pluralité d'hommes interchangeables : ainsi, le rôle de professeur, de la mère, des médecins, etc. Les programmes définissent l'ordre des attentes disponibles. Il s'agit d'un ensemble de conditions nécessaires pour la véracité, l'acceptabilité sociale de la conduite. Le niveau du programme devient indépendant du rôle lorsque le niveau d'abstraction est plus élevé, c'est à dire lorsque la régulation et l'attente son référées aux conduites multiples de plusieurs personnes; comme ce serait le cas pour un programme de réduction des gaz à effet de serre. Les valeurs. Le dernier niveau possible dans la disposition organisée des attentes suppose que l'on abandonne les accords de véracité applicables aux actions déterminées. Tel est le cas des valeurs. Il s'agit pour Luhmann de points de vue généraux, symbolisés de façon individuelle à partir des préférences allouées à l'occasion d'états ou d'événements. Les valeurs sont alors des idées, conscientes ou inconscientes de ce qui est voulu, exprimant les désirs, qui se figent en préférences au cours des choix entre différentes possibilités d'action. Toute action peut alors se placer sous le point de vue des valeurs positives ou négatives, et par ceci, il n'est pas possible de déduire -strictement sur la base de la valorisation en elle-même- le bien ou le mal d'une action. Il faudrait, au préalable, définir, une fois et pour toujours, un ordre hiérarchique et logique concernant la primauté des valeurs par rapport aux autres, par exemple, si la paix est supérieure à la liberté, si la liberté est supérieure à la culture, si le gain est supérieur ou non à ces derniers, etc. Les valeurs prouvent leur utilité dans l'exécution des programmes, car le consensus autour des valeurs simplifie la communication se rapportant à la contingence des programmes. Les valeurs font lieu d'un sondage, prouvant si les attentes sont celles qu'elles devraient l'être, dans une situation concrète, à un temps donné. Les relations entre valeurs -loin de l'hypothèse de la primauté logico-hierarchique- finissent par être adaptatives et changeantes. Les valeurs perdent ainsi leur densité et leur contenu normatif fort et sont vues dans leur sens de généralisations symboliques nécessaires, comme des cristallisations dans la démarche de production de sens. Les valeurs ainsi considérées seraient, sous une perspective fonctionnaliste, des abréviations symboliques représentant des situations dont la complexité très élevée se présente dans l'orientation quotidienne et dont l'usage est indispensable pour la production de sens. Les retournements conceptuels Les apports de l'autopoïèse et de la cybernétique forcent, dans la théorie des systèmes de Luhmann, un éclatement du paradigme d'interprétation de la réalité. C'est aussi la fin d'un paradigme d'origine darwinienne : selon ce dernier, un système devait se soumettre aux conditions dictées par son environnement et s'y conformer pour réussir, pour survivre. Dans la perspective de Luhmann, à partir du concept de système auto-référentiel et autopoïétique, le système extrait ses points de repère de l'environnement, mais ces directives sont construites par le système à partir d'une auto-description qui régit les processus systémiques comme un programme interne de régulation. Un système auto-référentiel apparaît ainsi de façon indépendante de son environnement, mais ouvert par rapport aux informations. En conséquence, il n'y aurait de réalité que dans les termes de la perception puisés de l'ensemble chaotique à l'extérieur des systèmes, sociaux ou psychiques. Ensuite, il y aurait plusieurs réalités, correspondant à autant de perspectives et d'observateurs qu'il y a de systèmes autopoïétiques. Aucune de ces versions de la réalité n'est en mesure de dominer les autres, du fait que chacune d'entre elles se forme et se forge selon un intérêt défini de façon interne. En outre, il y a chez Luhmann un rejet de la perception traditionnelle de la société selon laquelle la société serait faite d'individus et que ces derniers, dans leurs agissements, permettraient l'observation des donnes menant à la construction de l'ordre social. Dans la même direction, il y aurait un problème de perspective, découlant des différents lieux d'accès au monde selon que l'on se place dans les systèmes sociaux ou bien dans les systèmes psychiques. En tout cas, chacun des systèmes renferme un infini vers l'intérieur de soi même qui n'est que partiellement observable selon les modalités définies selon le choix respectif de sélection. Ainsi, il y aurait une opacité systémique relative dont les effets seraient une incapacité de rendre compte de toute la réalité telle que perçue par un système donné et, bien entendu, une impossibilité de d'expliquer l'ensemble. Les systèmes psychiques et les systèmes sociaux se retrouvent ainsi dans la théorie luhmannienne sans qu'on puisse faire prévaloir la perspective de compréhension du monde axée sur le sujet humain et, par ce même raisonnement, il n'y a pas de fondation dernière ni pour l'observation, ni pour la connaissance, ni pour l'établissement d'une hiérarchie des biens jugée comme telle au sein de l'ensemble des productions des systèmes sociaux. et certainement pas pour un fondement dernier du bien, ce qui se traduit dans cette théorie par un rejet de ce besoin d'un fondement normatif. Or, quelles sont les conditions des interactions entre la communication produite par les systèmes sociaux et la reproduction autopoïétique de la conscience? Luhmann soutient qu'il y aurait un phénomène d'inter-pénétration dans lequel le système social met à la disposition du système psychique l'ensemble de sa propre complexité, intégrée sous la forme de communication. La communication serait, selon Luhmann, comprise dans son sens plus général comme la distinction permettant une sélection, donnant accès -restreint selon les termes définis par la sélection- à la totalité socialement construite du sens. Le langage serait l'acquis évolutif développé pour les fins de ce transfert, permettant d'augmenter le rang de correspondances actualisant, au moment des choix, une panoplie plus large de possibilités socialement produites par les systèmes sociaux. L'apparente simplicité de la déconstruction développée par Luhmann nous entraîne vers des questions profondément perturbantes qui révèlent en outre les limites théoriques présentes dans les perspectives traditionnelles de compréhension de l'homme et sa place dans la société. Plus encore, Luhmann nous offre une importante solution de rechange, autant théorique que méthodologique. Pour comprendre les développements contemporains, elle débute avec l'exigence de situer l'analyse sur le registre des systèmes, dans la certitude désabusée de notre impuissance relative, dans un retournement sémantique rattachant autant les limitations propres à l'observation que les limitations de la perspective humaine. Il nous faudra alors déchiffrer les mécanismes et le fonctionnement des systèmes, ou finir par nous résigner à subir leurs effets. La discussion est ouverte. NOTES (1) Méjico, Soziale systeme, Grundisse einer Allgemeinen Theorie, Suhrkamp verlag, 1984 (2) Voir Heinz Von Foerster, Understanding understanding essays on cybernetics and cognition., et Luhmann, Niklas, Soziologie des Risikos, Walter de Grurter Co, version espagnole,Sociología del Riesgo, 1992. chapitre 3. (3) Voir à ce respect George Spencer Brown, Laws of form, réimpréssion, et aussi Louis H. Kauffmann, 'Self reference and Recursive Forms " Journal of Social and Biological Structures, 10 *1987, pp 53-70. |