Chaire UNESCO d’étude des fondements philosophique de la justice et de la société démocratique | UQAM

Programmes de recherche 2002-2005

Dernière modifications : 26 mai 2015

Projet de recherche 2002-2005

  1. Les allégories de la justice (P. Robert, chercheur principal, J. Boulad-Ayoub, P. Dumouchel, N. Paquin). Ce projet subventionné, multidisciplinaire, poursuit, sur un échéancier de trois années, la réalisation de quatre objectifs généraux autour desquels s’articulent et se complètent trois sous-projets aux problématiques indépendantes. Ces trois sous-projets ont pour dénominateur commun la problématique de la représentation, dans sa double signification du discours (la valeur signifiée) et de la représentativité (reconnaissance et participation démocratiques). Le programme de recherche propose de renouveler et d’enrichir la réflexion sur la représentation symbolique d’une façon originale et inédite en réunissant autour d’un objet culturel spécifique (les représentations artistiques de la justice et des institutions juridiques au Québec et au Canada) les analyses croisées de plusieurs champs disciplinaires : le droit, l’histoire de l’Art, la philosophie politique et juridique. Aussi entendons-nous :
    1. Établir, en fonction du corpus étudié, les caractéristiques principales, formelles et thématiques, d’un " art judiciaire ".
    2. Dégager et analyser les caractéristiques des principales représentations de la justice et des institutions juridiques dans l’architecture et les arts au Québec et au Canada depuis le milieu du XIXe siècle à nos jours.
    3. Développer des modèles d’analyse et d’interprétation des représentations du droit et de la justice dans la mise en scène de la justice et l’exercice du pouvoir dans les contextes juridiques et politiques du Québec et du Canada.
    4. Situer du point de vue du statut politique de la loi et de la justice, les représentations du droit et des institutions juridiques au Québec et au Canada.
  2. La question de l’esprit public et ses transformations dans l’héritage libéral de la Révolution française (J. Boulad-Ayoub, chercheur principal, D. Leydet, P.-M. Vernes)
    Le concept d’esprit public, dans son passé et son présent, demeure ambivalent. C’est à comprendre cette ambivalence historique que s’attache la recherche, tout en s’appuyant sur l’héritage libéral de la Révolution française, sur l’effort doctrinal des Idéologues et du libéralisme démocratique qui lui est lié. Nous entreprenons d’explorer le territoire ambigu mis à l’enseigne de "l’esprit public", dont aujourd’hui le "bien commun" assume une des figures les plus fréquentes, tout en cherchant à baliser les voies délimitant les alternatives politiques en réponse à l’économisation du monde.
    Aussi projetons-nous d’exploiter trois chantiers principaux aux problématiques interdépendantes :
    1. l’examen, pour commencer, du processus polémique, qui, de la Révolution au Consulat, conduit le mouvement des Idéologues et le libéralisme français qui le prolonge, au début du XIXe siècle, à la réévaluation critique de la problématique de l’esprit public ;
    2. ce qui nous entraîne, dans un second moment, à approfondir l’analyse des activités institutionnelles liées à la formation de l’esprit public tout en étudiant une sélection des textes contemporains des Idéologues qui en font état en vue de les défendre, les commenter ou les critiquer ;
    3. enfin, dans le troisième moment qui complète notre entreprise, nous évaluerons en tant que nouvelles réponses politiques et culturelles à la fragmentation sociale et à la crise des souverainetés nationales accentuées par la mondialisation, les formes conceptuelles de résurgence de l’esprit public, telle la figure du bien commun, dans le discours du libéralisme démocratique contemporain articulé au républicanisme classique ainsi que leurs usages stratégiques multiples et contrastés.
      Faire la lumière sur l’esprit public
  3. Réseau : L’État de droit saisi par la philosophie.
    L’inachèvement de la justice dans un monde d’inégalités croissantes et le conflit de ses critères et L’État-nation en Afrique contemporaine
    (J. Boulad-Ayoub, Emongo Lobomba)
    Équipe associée : Francis Akindès, Gian Mario Cazzaniga, Fred Constant, Jules Duchastel, Bjarne Melkevik, Ernest Mbonda , Alvaro Pirès, Lazare Poamé, Mohammed Savodago, Michel Troper, Joseph-Yvon Thériault, Paule-Monique Vernes.
    Le premier projet, L’inachèvement de la justice dans un monde d’inégalités croissantes et le conflit de ses critères, axé sur les échanges entre chercheurs canadiens et étrangers par voie de séminaires et de conférences, tire son intérêt pragmatique, outre celui théorique, très grand, de deux chefs principaux :
    1. il articule les échanges bi-disciplinaires autour d’une problématique commune (La justice sociale et le conflit de ses critères) de chercheurs d’Amérique, d’Afrique et d’Europe ;
    2. il prépare la base théorique du séminaire virtuel de recherche qui sera mis en œuvre par le second projet.
      Le second projet L’état-nation en Afrique contemporaine réédite sous forme de séminaire virtuel l’expérience fort enrichissante et une première en son genre, menée à bien il y a deux ans sur le site de la Chaire UNESCO. Ce projet tire son intérêt pragmatique du fait qu’il permet principalement de mettre en interaction des chercheurs et des étudiants africains, canadiens et européens. Il se complète d’une banque de textes fondamentaux en français mis en ligne, unique en son genre, qui profite à toute la communauté de chercheurs et d’un forum de discussion dynamique, foyer d’attraction générale généré par les discussions du séminaire qui rayonne à travers l’Afrique francophone et fait travailler en synergie les chercheurs comme les non-spécialistes des axes Nord-Sud et Est-Ouest.
  4. ÉRÈS  : Groupe de recherche en éthique sociale dirigée par Jocelyne Couture. Ce groupe poursuit des activités diverses (séminaires, colloques, conférences, publications) en association avec la Chaire Unesco et ses problématiques de recherche.
  5. CERJUSP  : Centre d’études et de recherches sur la justice sociale et politique (Université Catholique d’Afrique centrale - faculté de philosophie, B. P. 11628 Yaoundé-Cameroun – Tél. (237) 223 89 84. Fax : (237) 223 74 02). Créé en Octobre 2002 par Ernest-Marie MBONDA, le CERJUSP est un centre de recherche pluridisciplinaire ayant pour objectif principal de faire de la question de la justice sociale et politique un thème privilégié de recherches.
    La place centrale que le thème de la justice a occupé dans les plus grandes philosophies politiques, tout comme les différentes passions que mobilise la question de la répartition des pouvoirs, des avantages et des charges de la vie collective dans une société témoignent de l’importance théorique et pratique de la justice sociale et politique. Même dans les sociétés les plus nanties et les mieux organisées, il n’existe pas de consensus sur les critères de répartition des biens. Les lignes de clivages entre les différentes idéologies politiques (libérales, socialistes, socio-démocrates, etc.) qui se disputent les suffrages des citoyens passent, en grande partie, par la question de ces critères de la répartition des biens. Mais si dans les pays les plus riches, ces questions sont prises en charge du point de vue de la recherche, en Afrique, les études portant sur la façon dont les sociétés les règlent ou les gèrent sont plutôt rares. Et pourtant, les problèmes de pauvreté et de misère en Afrique sont très sérieusement aggravés par la manière dont sont réparties les ressources économiques. On peut en dire autant des tensions politiques qui proviennent pour la plupart de l’absence de justice politique, c’est-à-dire de l’absence de procédures équitables, transparentes, objectives de participation à la vie politique et de répartition des ressources politiques.
    Ce sont ces données socio-politiques qui ont inspiré la création de ce centre de recherche. Il a par conséquent une visée très pratique : contribuer par la connaissance scientifique à la recherche de solutions politiques et économiques aux problèmes de justice sociale et politique en Afrique.

ORIENTATIONS THÉMATIQUES

  1. Théories de la justice
  2. Questions de justice globale
  3. Les modes de répartition des biens dans les sociétés africaines modernes
  4. Les modes de répartition des biens dans les sociétés traditionnelles
  5. Mondialisation et justice à l’égard des paysans
  6. La justice et la question du genre
  7. La justice politique et la question des minorités ethniques
  8. La justice intergénérationnelle et les droits des générations futures
  9. La justice intergénérationnelle et les droits des personnes âgées
  10. La justice à l’égard des handicapés (physiques, mentaux...)
  11. La justice à l’égard des étrangers...

METHODOLOGIE GENERALE

  1. Études et enquêtes sur des thèmes choisis.
  2. Encadrement (avec éventuellement soutien financier) des recherches d’étudiants.
  3. Organisation de journées d’études, de séminaires, de conférences, et de colloques.
  4. Publication des meilleures contributions.

EQUIPE DE RECHERCHE

A/ Directeur du centre : Ernest-Marie MBONDA

B/ Enseignants-chercheurs :

  • ABE Claude, Sociologue, Enseignant à l’UCAC
  • ABEGA Sévérin-Cécile, Anthropologue, Enseignant à l’ UCAC
  • EBOUSSI BOULAGA Fabien, Philosophe. Professeur associé à l’UCAC
  • EMONGO Lomomba, Philosophe, Chaire Unesco de philosophie et Professeur-associé à l’UQAM
  • ILEBA David, Philosophe, Enseignant à l’UCAC
  • KATCHELEWA Shimbi-Kamba, Philosophe, Chaire Unesco de philosophie UQAM et CREUM
  • KOUAM Michel, Philosophe, Enseignant à l’UCAC
  • MASAMBA LOUBELO Olivier, Philosophe, Enseignant à l’UCAC
  • MBONDA Ernest-Marie, Philosophe, Enseignant à l’UCAC, Directeur du CERJUSP.
  • MENGUE Marie-Thérèse, Sociologue, Enseignante à l’UCAC
  • MOLUH Yacouba, Politiste, Enseignant à l’Université de Yaoundé II
  • NDINGA Gabriel, Philosophe, Enseignant à l’UCAC
  • OSSAH Charles, Philosophe, Enseignant à l’ENS et Enseignant associé à l’UCAC
  • PALLANTE Gianna, Philosophe et Pédagogue, Enseignante à l’UCAC
  • TOUOYEM Pascal, Philosophe, Enseignant à l’Université de Yaoundé I

C/ Étudiants :

Étudiants des cycles de recherche en philosophie sociale et politique, sciences juridiques et politiques, sciences sociales, théologie morale et politique...

C/ Partenaires scientifiques :
 Chaire Unesco d’étude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
 Chaire de recherche du Canada en Mondialisation, citoyenneté et démocratie (UQAM)
 Chaire d’éthique et de philosophie politique (Université de Montréal)
 Centre de Recherche en éthique de l’Université de Montréal (CREUM)
 Association pour la promotion des droits de l’homme en Afrique centrale (APDHAC, UCAC)

ACTIVITES

La première conférence du CERJUSP s’est tenue le 14 mai 2003. Elle était la première manifestation publique du centre, et aussi l’occasion pour lui de se présenter à l’ensemble de la communauté universitaire. Elle portait sur le thème « Concept et conceptions de la justice ». Son objectif était de commencer une réflexion critique sur le concept de justice à partir de quelques-unes des conceptions qui ont cours dans l’histoire des idées. Après avoir épilogué de manière générale sur la relation entre le concept et les conceptions de la justice, les intervenants ont passé en revue les conceptions traditionnelles de la justice, chez les Grecs, chez les Africains, et du point de vue de la pensée sociale de l’Eglise.

La deuxième conférence a eu lieu le 17 mars 2004, sur le thème « Justice des Anciens et justice des Modernes ». L’opposition classique entre les Modernes et les Anciens constitue un lieu intéressant de discussion sur les fondements et la finalité de la justice. Le but de cette conférence était de revisiter cette opposition, pour en cerner les enjeux. Les Modernes pensaient avoir restitué au sujet humain son autonomie véritable en substituant à la fondation cosmocentrique du droit une fondation anthropocentrique. Cette prétention n’a pas pour autant mis la modernité à l’abri des tentatives modérées de dépassement ou des attitudes plus radicales de rejet. Plus encore, on a vu se développer dans la philosophie contemporaine une tendance à réactiver les paradigmes de la justice et du droit élaborés par les anciens, et à présenter ces paradigmes comme étant la voie de sortie de l’impasse dans laquelle la modernité semble s’être embourbée. Cette relecture critique de l’opposition entre les Modernes et les anciens était l’occasion de comprendre que la justice reste une notion difficile à fonder, et qu’elle a besoin, pour être comprise, de toute la dynamique continue de l’expérience de l’histoire, celle qui relie les Modernes aux Anciens, sans qu’il soit besoin de supposer de façon outrecuidante des moments de rupture et d’invention.

La troisième conférence s’est tenue le 26 mai 2004, sur le thème « Modèle égyptien et modèle grec de la justice ». En dehors des travaux consacrés à l’Egypte par les historiens et égyptologues, l’histoire de la philosophie fait très peu de cas de la pensée égyptienne. Pourtant, les auteurs anciens (Hérodote, Pythagore, Platon, etc.) avaient fait des séjours plus ou moins longs en Egypte pour s’initier aux savoirs qui à leurs yeux avaient atteint un niveau d’élaboration digne d’intérêt. Si les Occidentaux se réclament généralement de l’héritage grec, un bon nombre au moins de penseurs grecs se réclament plutôt de l’héritage égyptien, qui leur a fourni les bases de leur connaissance en géométrie, en astronomie, en ésotérisme, en métaphysique, en théologie, etc. Le but de la conférence n’était pas de rouvrir la controverse idéologique sur les rapports de filiation entre les modèles égyptien et grec de la justice, mais les similitudes entre deux modèles qui mettent tous l’accent sur la notion d’ordre et d’équité en tant que paradigmes de la justice, à travers les notions de « dikè » et de « maât ».

Le CERJUSP a ensuite organisé, en collaboration avec le CREUM (Centre de Recherche en Ethique de l’Université de Montréal), et la Chaire Unesco d’Etude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique de l’UQAM, avec le soutien financier de l’Agence Universitaire de la Francophonie, un colloque international sur le thème « intervention internationale et aide humanitaire : aspects éthiques ». Le colloque s’est tenu à l’UCAC - Yaoundé du 07 au 09 juin 2004.

Dans le cadre des relations avec d’autres universités, le CERJUSP a participé à l’édition 2002-2003 du Prix Jean-Jacques Rousseau organisé par la Chaire Unesco de philosophie de l’UQAM et a remporté le prix (300 dollars canadiens et édition du texte du lauréat sur le site de la Chaire) à travers une étudiante de la Faculté de sciences sociales et de gestion (Kouokam Estelle). En 2002-2003, la question du concours était la suivante : « Face à la mondialisation, l’Etat démocratique présente-t-il encore l’unique modèle politique pouvant garantir l’Etat de droit et de liberté ? » Le CERJUSP a publié la question du concours 2003-2004 : « La raison du plus fort est-elle la meilleure ? », et a acheminé à l’UQAM les dissertations des candidats de l’UCAC.

PROJETS DE RECHERCHE

PROJET 1 : Le NEPAD et la question de la justice globale
C’est l’intention de promouvoir un nouvel ordre de coopération ou de partenariat entre l’Afrique et les pays riches qui a été à l’origine de la création en 2001, par les chefs d’États africains, du New Partnership for Africa’s Development (NEPAD). L’objectif déclaré de ce projet est de promouvoir une nouvelle forme de partenariat devant se substituer à celle qui a prévalu jusqu’ici, et qui n’a pas permis une réelle évolution de la situation économique de l’Afrique. Les formes traditionnelles de coopération consistaient à octroyer des prêts aux pays en difficultés pour leur permettre de redresser leurs économies. Mais cette politique qui dure depuis plus de quarante ans se traduit aujourd’hui par l’alourdissement du poids de la dette, l’aggravation de la pauvreté, et le creusement de l’écart entre pays riches et pays pauvres. La formule de coopération qui avait été développée dans le cadre des accords ACP-UE et qui garantissait aux pays producteurs de certaines denrées des espaces plus ou moins significatifs dans les marchés européens est en passe d’expirer sous la pression des exigences de libération de l’OMC. La Convention de Lomé qui permettait à 71 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique d’écouler leurs produits dans l’Union européenne sans droits de douane est appelée à disparaître. Quand, dans une dizaine d’années (selon le délai de grâce qui a été accordé à ces pays pour se conformer aux lois de l’OMC) les protections dont ces pays bénéficiaient de la part de L’UE disparaîtront, ils auront encore plus de mal à faire face à leurs partenaires/adversaires du Nord suréquipés et toujours subventionnés par leurs États. D’autre part, la décision prise par les pays les plus riches, depuis les années 80, de consacrer 0.7 % de leur PIB à l’aide publique au développement, en faveur des pays pauvres n’a jamais dépassé la moyenne de 0.3 %, et il n’existe aujourd’hui aucune garantie que cette moyenne s’améliorera pour se rapprocher de la barre qui avait été fixée.
Au regard de toutes ces difficultés qu’on peut considérer comme une sorte d’échec de la coopération, l’idée d’un nouveau partenariat est tout à fait justifiée. Mais l’on peut s’interroger sur sa capacité à rendre possible en Afrique une gestion plus rigoureuse et plus responsable des ressources disponibles, une distribution plus équitable de ces biens, qui soit susceptible de réduire sensiblement la gravité de la pauvreté dans laquelle vit la plupart des Africains. On peut aussi voir dans quelle mesure ce nouveau partenariat pourra générer des mécanismes de coopération plus efficients, de sorte que la justice globale devienne une sorte d’impératif catégorique juridique, et qu’une redistribution planétaire équitable des biens puisse apporter une solution radicale et définitive au problème de la dette, de l’extrême pauvreté, etc.
Comme on le voit, le nouveau partenariat doit affronter de nombreux défis. Mais quel que soit l’aspect sous lequel on le considère, c’est la manière dont les ressources de la planète sont réparties au bénéfice de tous les hommes qui constitue le problème central de l’économie mondiale, de la coopération internationale, de la coopération entre pays riches et pays pauvres. Il nous semble dès lors important de faire de la thématique de la justice globale l’un des principaux angles d’étude du NEPAD. On s’intéressera aux thèmes suivants :

A. Lumières sur le NEPAD
Qu’est-ce que le NEPAD ? Quels sont les facteurs économiques et géopolitiques qui en ont inspiré le projet ? Quels sont ses rapports avec les partenaires du Nord ? Comment s’insère-t-il dans les multiples autres projets de coopération déjà existants ?

B. La notion de justice globale
A quoi renvoie la notion de justice globale ? La notion est absente des théories traditionnelles de la justice, depuis l’antiquité jusqu’au XXe siècle. Elle est entrée il y a quelques décennies déjà dans les discussions philosophiques et économiques, à la faveur du renouvellement de la philosophie juridique provoquée par la théorie rawlsienne de la justice. Ces discussions sont nourries par les interrogations suivantes :
 Peut-on transposer à l’échelle globale les principes de distribution des biens valables dans une société domestique ?
 Peut-on faire de la justice globale une obligation juridique ? Cette question rencontre plusieurs difficultés. D’abord le défi des théories libérales qui déjà n’admettent pas l’idée d’une justice distributive à l’échelle d’une société domestique et qui supporteraient encore moins la globalisation de la justice distributive. Ensuite la question de la nature des relations entre différentes sociétés, laquelle devrait pouvoir justifier ou non des obligations de certaines sociétés à l’égard des autres. Puis la nature même de ces devoirs : devoirs de justice ou devoirs d’humanité ? Enfin, la question des institutions de la justice globale et des moyens de sa mise en œuvre.

C. Le NEPAD et le défi de la libéralisation du commerce mondial
La plupart des États en Afrique, dans le cadre des programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions de Bretton Woods, ont été amenés à abandonner nombre de leurs politiques sociales ou à réduire de façon drastique la marge de leurs interventions et de leurs subventions dans les domaines de la production et de la commercialisation de certains produits de base. Ce désengagement des États correspond par ailleurs à l’idéologie libérale qui constitue la philosophie principale de la mondialisation de l’économie telle qu’elle est défendue notamment par une institution comme l’OMC. Il faut pouvoir examiner la manière dont, dans le cadre du Nepad, il est possible de concilier les exigences du libéralisme avec la nécessité de soutenir des économies fragiles qui autrement resteraient précaires et ne garantiraient pas aux citoyens un niveau d’existence compatible avec la dignité humaine.

D. Le Nepad et la question paysanne
La proportion de la population africaine qui vit directement des activités paysannes est si importante qu’on ne peut pas penser la justice globale sans lui accorder une position centrale. Se pose ici le problème de la capacité pour les paysans, d’assurer une production optimale et une commercialisation rentable de leurs denrées sans le soutien de l’État, et d’autre part, le principe de la non-subvention à la production agricole, défendue par l’OMC, et auquel les pays africains semblent adhérer lorsqu’ils dénoncent les politiques de subventions mises en œuvre dans les pays riches.

E. Le Nepad et la problématique de la dette
La dette constitue aujourd’hui l’un des principaux goulots d’étranglements de l’Afrique. Non seulement la plupart des pays africains sont surendettés, mais encore, le remboursement de cette dette mobilise à lui seul près du tiers des budgets déjà faibles de ces pays. On se retrouve dans les paradoxes suivants : plus les pays africains ont des difficultés économiques, plus ils s’endettent. Plus ils s’endettent, plus ils ont des difficultés économiques provenant de l’obligation de rembourser ces dettes. La dette peut-elle dans cette structure, aider les Africains à résoudre leurs problèmes ? Deuxième paradoxe : d’après certains chiffres, l’Afrique aurait remboursé près de 8 fois ce qu’elle a reçu comme dette. En 1999 par exemple, les pays du Tiers-Monde en général ont remboursé 350 milliards de dollars contre 50 milliards reçus. Il y a tout lieu de se demander à qui profite la dette ?
La dette est certes indissociable de tout échange. Chaque personne, chaque société est toujours endettée, d’une manière ou d’une autre. Mais la dette peut aussi bien instaurer des relations symétriques de réciprocité que des relations asymétriques de dépendance et de culpabilité. Il y a lieu de s’interroger sur « l’éthique de la dette », en même temps que sur sa dimension économique et ses enjeux idéologiques.

F. Le Nepad et la question de l’extrême pauvreté en Afrique
Peut-on considérer la pauvreté comme une violation des droits de l’homme ? Pareille question suppose que la pauvreté, notamment dans sa forme d’extrême privation, peut être rattachée à la responsabilité d’une instance déterminée. Quelle serait la nature de cette responsabilité ? L’instance tenue pour responsable de la pauvreté est-elle l’État ou la communauté internationale tout entière ?

PROJET 2 (En partenariat) : Pouvoirs des minorités en Afrique centrale : un enjeu de droit. Projet soumis à l’AUF par LOMOMBA Emongo

PROJET 3 (En partenariat) : Sujet de droit, altérité et reconnaissance. Projet soumis à l’AUF par KATCHELEWA Shimbi-Kamba.

PROJET 4 (En partenariat. A effectuer pendant le stage post-doctoral de Katchelewa à l’UCAC, octobre 2004-juillet 2005) : L’État-nation en Afrique contemporaine. Séminaire virtuel de philosophie du droit et de philosophie politique, Chaire Unesco d’étude des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique.


Projets de recherche en cours 2005-2012Mis en ligne avec des outils d’analyse informatique